Jean-Jacques Marette, directeur général des fédérations Agirc et Arrco, commente les derniers résultats des régimes de retraite complémentaires qui s’inscrivent dans un contexte de baisse de la croissance.

Quels sont les résultats de l’exercice 2012 ?
Les résultats des régimes Agirc et Arrco sont malheureusement conformes à nos prévisions qui prenaient en compte la persistance et la sévérité de la crise économique. Ils demeurent déficitaires avec toutefois une légère amélioration par rapport à 2011. Pour le régime Arrco, le déficit global est d’un milliard d’euros contre 1,69 milliard en 2011. Quant au régime Agirc, il atteint près de 1,6 milliard d’euro contre 1,77 milliard en 2011.

Comment s’analysent ces résultats ?
Les ressources des deux régimes ont augmenté de 2,8 % en 2012 contre 2,9 % en 2011. Cette stabilité s’accompagne d’une évolution préoccupante : les cotisations des entreprises sont en diminution alors que les cotisations
versées pour le compte des chômeurs par l’État et l’Unédic progressent. Les difficultés qu’éprouvent les entreprises pour embaucher ou maintenir l’emploi, et augmenter les salaires affectent directement le niveau des cotisations des régimes.
Dans le même temps, les charges, c’est-à dire pour l’essentiel, les retraites versées, ont augmenté de 6,3 % pour l’Arrco et de 6,4 % pour l’Agirc. Cette hausse s’explique par les départs à la retraite des générations du baby-boom et par l’allongement de la durée de la vie. Le recul progressif de l’âge de départ à la retraite n’a pas encore de véritable impact sur les comptes des régimes. Les dispositions dites d’accompagnement qui permettent de prendre en compte les carrières longues et la pénibilité limitent les économies réalisées.
Les résultats financiers, 1,444 milliard d’euros pour l’Arrco et 521 millions d’euros pour l’Agirc, sont nettement meilleurs que ceux obtenus en 2011, et ont permis de compenser en partie la dégradation des résultats des régimes.

Quelles sont les perspectives ?
Lors de l’examen, début juillet 2012, des comptes de 2011, les partenaires sociaux avaient décidé de réagir rapidement. Dès l’automne 2012, ils ont commencé des négociations sur le rééquilibrage des régimes. Celles-ci ont abouti à l’accord du 13 mars 2013 qui adopte un certain nombre de mesures réparties entre les entreprises, les actifs et les retraités, sans oublier nos propres efforts sur la gestion. A cet égard, le Premier Ministre a, au lendemain de la conclusion de l’Accord, souligné la responsabilité des partenaires sociaux dans un contexte difficile.
Les projections montrent, sur la base d’hypothèses économiques prudentes, que les déficits persisteront en 2013 et 2014 mais qu’ils seront contenus.
Les régimes disposent de réserves conséquentes dont l’Accord de 2013 vise à la préservation. Les partenaires sociaux, en constituant ces réserves, ont doté les régimes d’instruments permettant à la fois de faire face aux difficultés conjoncturelles et de préserver les perspectives financières sur les moyen et long termes. L’accord replace les régimes Agirc et Arrco dans une situation plus saine, à défaut d’être confortable.
Dans les semaines qui viennent, ils seront très attentifs aux conséquences sur les régimes complémentaires de la prochaine réforme
gouvernementale sur les retraites. Compte tenu des perspectives économiques, nous serons amenés à réactualiser nos hypothèses d’évolution et évaluer l’impact des mesures gouvernementales. Sur ces bases, les partenaires sociaux engageront de nouvelles réflexions en 2014 en vue de poursuivre la consolidation des régimes Agirc et Arrco.

¹ L’Association pour la gestion du fonds de financement de l’Agirc et l’Arrco finance le surcoût des départs à la retraite avant 65/67 ans.