La déclinaison des recommandations
L’allongement du congé parental !
Suite au rapport de la commission qui recommandait un allongement conséquent du congé paternel à 9 semaines, l’assemblée nationale a voté, le 23 octobre 2020, l’allongement du congé paternité, de 14 jours à 28 jours, dont 7 jours seront obligatoires. Cette mesure est entrée en vigueur le 1er juillet 2021.
Une augmentation encore insuffisante mais un premier pas pour que la société change son regard sur la place du père auprès des bébés et son importance pour l’équilibre familial.
A noter que pour les grossesses multiples les papas peuvent bénéficier de 35 jours de congé paternité.
Afin de connaître l’impact de cette mesure, il faudra regarder comment les pères utilisent ce congés, le prennent-ils, combien de jours ? Et en pratique cela leur permet-il de mieux aborder leur rôle auprès du bébé et d’être un soutien de leur compagne ?
En effet il est important pour soulager la maman, dans une période d’adaptation à une nouvelle vie qui plus est intense émotionnellement.
L’accompagnement de la famille pendant la grossesse
Au regard de l’évolution de la société, des besoins exprimés par les (futurs) parents, il est apparu
à la commission que l’accompagnement proposé devait évoluer et être plus adapté aux besoins de chaque famille.
D’autant que les enquêtes nationales de périnatalité révèlent de grandes disparités de suivi sur le territoire. Les familles les plus fragiles, qui auraient besoin de plus d’accompagnement, sont souvent celles qui en bénéficient le moins ou pas toujours de manière adaptée.
Enquête nationale périnatale (ENP) 2016 Echantillon représentatif de 14 142 naissances survenues entre le 14 et le 20 mars 2016
La généralisation de l’entretien prénatal précoce
Le Plan périnatalité 2005-2007 « Humanité, proximité, sécurité, qualité » avait instauré un entretien prénatal précoce qui devait être proposé à chaque femme, couple mais restait facultatif.
Une étude en 2016 révélait, une grande disparité géographique dans sa réalisation allant de 8% à 70%, mais surtout, que seulement 29% des femmes enceintes en bénéficiaient. La plupart du temps il ne leur avait pas été proposé.
Il est désormais obligatoire, la sage-femme ou le médecin doivent en informer leur patiente dès la déclaration de grossesse afin de le programmer au début de la grossesse, avant 4 mois.
Loi n°2019-1446 du 24 décembre 2019 de financement de la Sécurité sociale Article 62
- Au 4e de l’article L.2112-2, les mots : ” d’un entretien prénatal précoce proposé systématiquement et réalisé à partir du 4ème mois de grossesse,” sont remplacés par les mots : “de l’entretien prénatal précoce obligatoire”
- “Lors de cet examen, le médecin ou la sage-femme informe la femme enceinte de l’EPP obligatoire”
- “L’EPP obligatoire est réalisé par un médecin ou une sage-femme, dès lors que la déclaration de grossesse a été effectuée. L’objet de cet entretien est de permettre au professionnel d’évaluer avec la femme enceinte ses éventuels besoins en termes d’accompagnement au cours de la grossesse.”
Il doit permettre un échange avec le couple et de repérer les fragilités de santé ou sociales. Il est entrevu comme le point de départ d’un parcours personnalisé des 1000 jours. Il doit permettre d’avoir recours à tous les professionnels les plus à même d’aider la famille, spécialistes santé, assistants sociaux, psychologues… et de poursuivre cet accompagnement de la maternité à la maison.
Des messages clé bien identifiés pour les parents
Sur le site des “1000 parents pour 1000 jours”, les parents ont dit leur difficulté à bien faire, avec la multitude des informations qui leur sont proposées, par les professionnels, sur internet, sur les réseaux sociaux ou par leur entourage…et qui parfois sont contradictoires !
Aujourd’hui la volonté est de transmettre une dizaine de messages clés, sur l’allaitement, l’exposition aux écrans ou les violences éducatives ordinaires. Des informations disponibles sur le site ou l’application « 1000 jours » mais qui seront également spécifiées dans le carnet de santé de l’enfant.
Réduire les difficultés, prendre en compte les besoins
Les recommandations de la commission visent à donner la même chance à tous les enfants et réduire ainsi à la fois les inégalités de santé mais aussi sociales.
On sait aujourd’hui qu’aider et soutenir les futurs parents leur permet de réduire leur stress et de ce fait d’être à l’écoute des besoins de leur enfant.
Le soutien doit débuter dès la grossesse, certaines personnes envisagent même qu’il faudrait commencer lorsque les couples ont un désir d’enfant.
Il est important d’instaurer une relation de confiance et un dialogue qui doit permettre de mieux connaître les besoins de chaque famille. L’idéal étant de personnaliser au mieux le suivi proposé et si besoin, de faire appel à des professionnels qualifiés pour chaque problème.
En effet toutes les familles ont des connaissances, des habitudes de vie et des expériences variées sur lesquelles il faut s’appuyer. Toutes les informations ou recommandations ne sont pas à donner à tout le monde et de la même façon, ce qui est pourtant encore souvent le cas.
Vouloir bien faire ne suffit pas !
Il est primordial d’adapter les messages en retenant quelques principes, ils doivent être :
- Adaptés à leur situation.
- Donnés au bon moment.
- Non stressants.
- Non stigmatisant, non culpabilisants.
- Clairs pour tous les parents, avec un vocabulaire adapté et compris.
- Cohérents de la part des professionnels.
Le repérage de ces spécificités ou difficultés éventuellement rencontrées pendant la grossesse doit aussi permettre de mieux accompagner les couples après la naissance de l’enfant.
Et après la naissance...
Le dernier rapport sur la mortalité maternelle en France a montré que la 2ème cause de décès était aujourd’hui le suicide des jeunes mamans. On sait aussi que la dépression du post partum est fréquente puisqu’elle touche environ 20 à 25 % des mamans et environ 10% des papas.
Repérer les fragilités
Il faut aujourd’hui mieux repérer les fragilités des parents et surtout mieux les accompagner après la naissance, d’autant que le séjour en maternité est très court.
Il est possible d’identifier des facteurs de risques de dépression dès l’ouverture du dossier de grossesse, grâce aux antécédents, à l’histoire de la femme, à la situation familiale ou sociale et durant la grossesse par la survenue d’événements stressants concernant la maman ou le bébé… Il existe alors une grille d’évaluation, le score de dépression d’Edimbourg (EPDS) que les parents peuvent compléter et ainsi repérer les personnes à risque de dépression et mieux les accompagner.
Une expérimentation intitulée DPP1000J est en cours sur l’application 1000 jours. Il s’agit d’une enquête qui sera menée auprès de 1000 parents et 250 professionnels ayant utilisé le test. Les résultats permettront de savoir comment bien utiliser ce test, son intérêt dans la prise en charge de la dépression du post partum et son appropriation par les professionnels de la périnatalité.
Mieux accompagner après la naissance de l’enfant
Il est indispensable de créer un maillage après la sortie de maternité et de permettre aux parents d’exprimer leurs difficultés, s’ils en rencontrent.
Le renforcement de la coopération entre les 500 maternités et les services de Protection Maternelle et Infantile (PMI) doit permettre une continuité d’accompagnement après le retour à la maison.
Une piste est aussi de créer plus d’unités mères-bébés pour hospitaliser les mamans qui en ont le plus besoin, 10 nouvelles unités et 20 équipes mobiles supplémentaires en psychiatrie périnatale.
Le soutien du papa, présent durant 1 mois pour s’occuper du bébé, doit aussi permettre de soulager la maman et réduire « la charge mentale »…