Un enfant qui rejette tout nouvel aliment, cela s’appelle de la néophobie alimentaire. Et c’est très courant mais aussi très agaçant pour les parents. Pourtant, il est parfaitement possible de prendre en charge cette phobie.
Vous désespérez de voir un jour votre enfant se régaler avec autre chose que des coquillettes ? Bonne nouvelle : cela finira sans doute par arriver. Car la néophobie alimentaire, soit la crainte et/ou le refus d’aliments nouveaux, ne dure pas éternellement. Surtout, elle est parfaitement normale et fréquente de 18 mois à 6 ans. On la retrouve même dans d’autres espèces animales, comme le rat, le singe et certains oiseaux, indique l’Association française de Pédiatrie Ambulatoire sur son site internet.
« Le rejet ne se produit pas lors de la dégustation mais auparavant par la vue, l’odeur, le toucher des aliments », précisent les spécialistes. Il est également courant que certains aliments, après avoir été acceptés, deviennent subitement des indésirables. C’est notamment le cas des légumes, des fruits et du poisson. Alors que les aliments à forte densité calorique, certaines viandes et les aliments sucrés restent appréciés tout comme les coquillettes.
« Prévenir » la néophobie
Il est possible d’agir en amont, afin de « prévenir » la néophobie alimentaire. A l’âge de la diversification (entre 4 et 6 mois, ndlr), les aliments dont les arômes ont déjà été rencontrés in utero ou lors de l’allaitement sont mieux acceptés. En effet, dès la grossesse, le fœtus est exposé aux saveurs et arômes des aliments ingérés par sa mère. C’est également le cas lorsque celle-ci choisit de l’allaiter. Si son alimentation a été suffisamment diversifiée, alors l’enfant sera plus ouvert à ces arômes et saveurs, puisqu’il les aura déjà rencontrés.
Mais comment faire accepter de nouveaux aliments ? L’Association française de Pédiatrie Ambulatoire recommande de proposer un nouvel aliment au moins 8 fois à un bébé (jusqu’à 15 à un enfant plus grand), « sans contrainte ». Autre conseil : « il est préférable que les aliments soient proposés un à un pendant les premiers mois de la diversification pour que l’enfant apprenne le goût et la texture de chaque aliment ». Les saveurs acides ou amères, et les textures granuleuses ou collantes sont celles qui nécessitent le plus de patience.
Et ensuite ?
On l’a dit, la défiance à l’égard des aliments nouveaux peut durer pendant quelques années. Alors pour éviter que chaque repas ne tourne à la foire d’empoigne, voici quelques pistes :
- Prendre les repas en famille, sans télévision, afin de mieux faire accepter les nouvelles textures et saveurs. Les repas pris en collectivité avec d’autres enfants peuvent également beaucoup aider. Convivialité et imitation favorisent en effet la découverte ;
- Eduquer l’enfant au goût, pour qu’il associe nourriture et plaisir. La participation de l’enfant au marché et à la préparation des repas est conseillée pour lui apprendre à connaître les aliments. Il les appréciera davantage » ;
- Ne forcez pas votre enfant s’il refuse de manger. Proposez-lui de goûter l’aliment, encore et encore, en changeant par exemple sa présentation. Très important, « il faut respecter le rythme de 4 repas quotidiens et ne pas remplacer un aliment refusé par un autre, ni compenser les refus par des aliments de grignotage entre les repas » ;
- Ces refus alimentaires ne doivent pas prendre toute la place. L’Association française de Pédiatrie Ambulatoire recommande au contraire de ne pas surveiller ce que mange l’enfant, « et ne montrer aucune inquiétude s’il a peu mangé ». Adaptez la taille des portions proposées, ne le punissez pas s’il n’a pas assez mangé et ne le récompensez pas dans le cas contraire. En clair, s’il sent que l’enjeu de la nourriture est important pour ses parents, l’enfant comprend qu’en la refusant, il peut avoir du pouvoir sur eux « et il peut en jouer, surtout s’il a une personnalité forte ».
Et si le problème persiste ?
Si l’enfant de plus de 6 ans s’obstine à ne manger qu’un seul type d’aliments (ni fruits ni légumes), avec un risque de carence et de ralentissement de la croissance, alors il ne s’agit pas d’une néophobie alimentaire (transitoire et réversible), mais d’un comportement « pathologique, durable et rare » qui nécessite une prise en charge médico-psychologique. Si votre enfant est concerné, parlez-en à son médecin.
Sources : Association Française de Pédiatrie Ambulatoire – Octobre 2022