Favoriser une alimentation équilibrée
L’importance du microbiote
On sait aujourd’hui, grâce à de nombreuses études scientifiques que notre alimentation a un impact en termes de santé. Entre autre, l’alimentation de la maman, pendant la grossesse ou l’allaitement au sein, a un retentissement sur le microbiote intestinal de son enfant. Aujourd’hui nous connaissons les effets majeurs sur la santé, de ce microbiote, appelé parfois deuxième cerveau.
Qu’est-ce que le microbiote intestinal ?
C’est l’ensemble des microorganismes (bactéries, archées, eucaryotes et virus) présents dans les intestins.
Quelles sont les fonctions du microbiote intestinal ?
Elles sont multiples :
- La défense
- Contre les microorganismes nuisibles.
- Il apprend au système immunitaire à distinguer les amis des ennemis.
- Il dégrade les toxines.
- La nutrition
- Il facilite l’absorption de minéraux (magnésium, calcium et fer).
- Il synthétise certaines vitamines essentielles (vitamine K et B9) et des acides aminés.
- Il permet la digestion de certains aliments (exemple, fibres alimentaires) que l’on ne peut digérer.
- Quand il décompose les fibres alimentaires, il produit des molécules indispensables à notre organisme (exemple, certains acides gras).
- Le comportement : il peut influencer l’humeur et le comportement, ce que l’on retrouve dans des expressions françaises, «Avoir la peur au ventre», «se faire de la bile» montrant les liens entre notre système digestif et nos émotions. En effet, l’intestin abrite le système nerveux entérique (SNE) qui contient 200 millions de neurones.
Quelles répercussions sur la santé ?
Il existe des interactions entre notre microbiote et notre organisme :
- Il peut être le marqueur de notre état de santé
- Notre état de santé peut le déséquilibrer
Grâce aux chercheurs on connaît de mieux en mieux son rôle et l’on tente de comprendre les liens entre un microbiote déséquilibré et certaines maladies, en particulier les maladies auto-immunes et inflammatoires. Ces relations doivent continuer d’être explorées afin de mieux comprendre toutes ces interactions et leurs répercussions sur notre santé, il a déjà été démontré que certains troubles psychiques et des maladies neurodégénératives pouvaient être liés à notre état digestif.
Les caractéristiques du microbiote au cours des 1000 premiers jours
On sait aujourd’hui que la colonisation de la flore intestinale par des micro-organismes débute avant la naissance du bébé puis se diversifie jusqu’à 3 ans, pour atteindre un état stable.
On estime que le microbiote de la mère joue un rôle déterminant dans le développement fœtal et que par la suite, le développement en bonne santé d’un enfant est sous la dépendance directe de son microbiote.
Nous connaissons aussi les facteurs qui peuvent intervenir sur cette colonisation, tant pendant la grossesse, que pendant la naissance et la petite enfance.
L’enfance est la période charnière pour la constitution du microbiote de chaque individu. Tous les conseils qui permettent aux parents d’optimiser l’alimentation de la famille permettront par ricochet aux enfants d’acquérir un microbiote équilibré et de favoriser leur santé.
Les recommandations alimentaires au cours des 1000 premiers jours
L’alimentation de la future maman et sa prise de poids font partie des facteurs influençant la constitution du microbiote du nouveau-né.
Prendre du poids raisonnablement
Enceinte, la devise est « Ne pas manger pour 2, mais manger 2 fois mieux ».
Le suivi du poids est important et la pesée de la future maman doit être systématique chaque mois. Une prise de poids importante et rapide peut révéler des anomalies, voir une pathologie.
La prise de poids recommandée dépend de la stature de la maman avant la grossesse. L’Indice de Masse Corporelle (IMC) est calculé avec la taille et le poids avant grossesse.
Valeur de l’IMC avant la grossesse | Prise de poids recommandée |
IMC < 18.5 Maigreur | De 13 à 18kg |
19<IMC<25 Normal | De 12 à 15kg |
25<IMC<30 Surpoids | De 7 à 11kg |
IMC>30 Obsésité | De 5 à 9kg |
Avoir une alimentation variée
Tout d’abord afin de couvrir tous les besoins de la femme enceinte pour elle et son bébé. Durant la grossesse les régimes sont à bannir, même lorsque la maman est en surpoids.
L’équilibre alimentaire est important car « la construction et le développement » du nouveau-né nécessitent des besoins en oligoéléments et vitamines, protéines, glucides et lipides. Chaque catégorie de nutriments est indispensable et a un rôle spécifique dans la formation et le fonctionnement des organes, exemple des acides gras indispensables pour le cerveau, d’où la recommandation de manger du poisson 2 fois par semaine.
Mais aussi pour permettre à l’enfant de développer son goût afin de lui faire aimer tous les aliments.
Dès la 11ème semaine de grossesse, les bourgeons gustatifs sont présents sur sa langue. Le futur bébé goûte tout ce que sa maman mange à travers le liquide amniotique. Il sait différencier les 4 saveurs de base : sucré, salé, amer et acide.
Lorsque le bébé est nourri au sein, il continue de goûter tout ce que sa maman mange puisque les saveurs passent aussi dans le lait maternel.
Des études scientifiques montrent que, lors de la diversification alimentaire, les bébés dont les mamans ont consommé certains aliments, durant la grossesse ou l’allaitement, les acceptent plus facilement.
Privilégier les produits frais et naturels
Afin de pouvoir équilibrer son alimentation, il faut connaître les ingrédients, la quantité et la qualité des aliments. Cela est réalisable lorsque l’on prépare ses repas, mais beaucoup plus difficile avec les plats cuisinés. D’autre part, consommer des produits frais, rapidement après l’achat, permet d’apporter des vitamines.
Cuisiner et éviter les plats cuisinés, souvent trop salés, trop sucrés avec des additifs parfois nocifs, permet de mieux équilibrer les apports nutritionnels et son microbiote. Pour le microbiote, on recommande aussi une alimentation riche en fibres alimentaires (légumes et fruits…), en glucides (céréales complètes, légumes, noix…) avec des protéines et des matières grasses.
Respecter la conservation des aliments et l’hygiène pour la préparation des repas
Les défenses immunitaires d’une femme enceinte et du jeune enfant sont plus faibles, le risque infectieux est plus important. C’est pourquoi il faut être particulièrement vigilant et bien respecter les consignes de conservation, de cuisson ou de dégustation des plats et les dates de consommation :
- Laver régulièrement le réfrigérateur pour limiter les risques de présence de Listeria
- Pour les préparations culinaires conservées au frigo, emballer les aliments les plus sensibles (poissons, viandes, plats préparés), les conserver dans la zone la plus froide, située en haut. Il est recommandé de séparer les aliments crus des aliments cuits
- Ne conserver aucun reste au-delà de 2 à 3 jours
- Décongeler les aliments au réfrigérateur plutôt qu’à température ambiante (pour respecter la chaine du froid)
- Toujours travailler sur un plan de travail propre les mains lavées pour la préparation des repas
- Systématiquement, nettoyer tout ustensile pouvant rentrer en contact avec des aliments crus
- Bien cuire l’ensemble des aliments d’origine animale, viandes et poissons. Un produit bien cuit c’est moins de risques de contamination
Accompagner et soutenir l’allaitement au sein
Si, bien sûr la maman a choisi d’allaiter. Il est primordial que la décision soit la sienne, pas celle de la société, des professionnels, de la famille ou du mari. C’est la condition essentielle pour mener un allaitement maternel.
D’un point de vue santé, toutes les études montrent bien l’intérêt pour l’enfant. Car le lait maternel est adapté à ses besoins, son âge et sa croissance. Il apporte des anticorps qui le protègent et agit de manière positive sur l’équilibre de son microbiote. Il favorise aussi la proximité et l’attachement.
L’OMS préconise un allaitement au sein exclusif durant 6 mois. C’est parfois difficile dans nos sociétés quand la maman reprend le travail. Quelle que soit la durée de cet allaitement, l’enfant en retirera des bienfaits.
Diversifier l’alimentation de bébé dès 4 mois
On sait aujourd’hui que, même pour des familles présentant des allergies, l’introduction de nouveaux aliments, dès 4 mois, réduit le risque d’allergie chez le nourrisson.
Le dernier Plan National Nutrition Santé (PNNS) ne limite pas les aliments à faire découvrir dès 4 mois. Les règles simples à suivre :
- Faire découvrir toutes les familles d’aliments entre 4 et 6 mois
- Respecter le rythme de l’enfant
- Respecter ses goûts
- Ne faire découvrir qu’un aliment à la fois
- Représenter au moins 7 fois un aliment refusé par l’enfant
- Faire évoluer les textures pour développer sa mastication
- Continuer les apports de lait infantile
- La seule boisson pour le petit enfant, c’est l’eau
- Ne pas ajouter de sel et de sucre
Tableau de la diversification alimentaire jusqu’à 3 ans :